الجمعة، 9 يوليو 2010

L'isolement

,Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne
;Au coucher du soleil, tristement je m'assieds
,Je promène au hasard mes regards sur la plaine
.Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds
;Ici gronde le feuve aux vagues écumantes
;Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur
là le lac immobile étend ses eaux dormantes
.Où l'étoile du soir se lève dans l'azur
,Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres
;Le crépuscule encor jette un dernier rayon
Et le char vaporeux de la reine des ombres
.Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon
,Cependant, s'élançant de la flêche gothique
:Un son religieux se répand dans les airs
Le voyageur s'arrête,et la cloche rustique
.Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
;N'éprouve devant eux ni charme ni transports
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
.Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts
,De colline en colline en vain portant ma vue
,Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant
,Je parcours tous les points de l'immense étendue
."Et je dis: "Nulle part le bonheur m'attend
,Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières
?Vains objets dont pour moi le charme est envolé
,Fleuves, rochers,forêts, solitudes si chères
!Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé
,Que le tour du soleil ou commence ou s'achève
:D'un oeil indifférent je le suis dans son cours
;En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève
.Qu'importe le soleil? je n'attend rien des jours
,Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière
:Mes yeux verraient partout le vide et les déserts
;Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire
.Je ne demande rien à l'immense univers
,Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère
,Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux
,Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre
!Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux
;Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire
,Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour
,Et ce bien idéal que toute âme désire
!Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour
,Que ne puîs-je, porté sur le char de l'Aurore
!Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi
?Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore
.Il n'est rien de commun entre la terre et moi
,Quand la feuille des bois tombe dans la prairie
;Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons
:Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie
!Emportez-moi comme elle, orageux aquilons


Lamartine

ليست هناك تعليقات:

إرسال تعليق